- SLOVAQUIE
- SLOVAQUIEÉtablis à l’est de la Bohême-Moravie, dans une zone plus montagneuse et sur des terres plus pauvres, les Slovaques sont restés, au cours de leur histoire, plus isolés du reste de l’Europe et n’ont connu que tardivement la civilisation occidentale. La domination hongroise, qui s’est exercée sur eux de façon plus ou moins directe pendant un millénaire, s’est efforcée de les maintenir dans un état d’archaïsme culturel et économique contre lequel une élite de patriotes s’est dressée depuis la fin du XVIIIe siècle. Malgré ces conditions défavorables, leurs liens avec les autres Slaves occidentaux et en particulier avec les Tchèques avaient toujours été maintenus. Trois ans après l’effondrement du communisme en 1989, la conjonction du particularisme slovaque, exacerbé par les difficultés économiques, et d’un mouvement séparatiste chez les Tchèques aboutit pourtant à la partition de la Tchécoslovaquie en deux républiques indépendantes.HistoireLes invasionsAprès avoir été âprement disputées entre les Germains et les Romains, comme le rappelle l’inscription latine gravée dans le roc à Tren face="EU Caron" カín vers 170 après J.-C., les terres que les Slovaques ont occupées au début du VIe siècle sont passées sous le contrôle des Avars. Les Slovaques ne rejoignent les Tchèques qu’au IXe siècle, dans l’État de Grande-Moravie, où ils se civilisent et se christianisent (l’évêque de Nitra dépendait de Méthode, archevêque de Moravie). Mais ils sont coupés d’eux dès 906 par l’invasion des Magyars, païens venus d’Asie. La domination hongroise sur la Slovaquie se maintiendra, même au sein de l’empire des Habsbourg, jusqu’en 1918. Refoulés vers les régions les plus pauvres par les Magyars, puis par des colons allemands, les Slovaques connurent plusieurs siècles de régression matérielle et culturelle (ils souffrirent beaucoup, notamment de l’invasion mongole de 1240-1241), mais ils continuèrent à lutter contre la dynastie des Arpad, puis, au XIVe siècle, contre celle des Angevins (révolte conduite avec succès, depuis Tren face="EU Caron" カín, par Matúš face="EU Caron" アák jusqu’à sa mort en 1321). Ils bénéficièrent quelque peu de l’essor européen du XIVe-XVe siècle, qui les remit en relation avec les pays voisins, principalement la Bohême et la Pologne. Les signes de renouveau apparurent dans tous les domaines: exploitation des mines d’or et d’argent (création de la Chambre royale de Kremnica, 1382), développement des villes (anciennes comme Bratislava, Nitra, Trnava; nouvelles comme Košice, Prešov), expansion de l’art roman (qui se maintient jusqu’au cœur du XIVe siècle) et gothique (monuments de Košice, de Levo face="EU Caron" カa), attrait de l’université de Prague, influence profonde du hussitisme, redécouverte timide d’une culture nationale slovaque (l’université créée à Bratislava par le roi Mathias Corvin n’exista que de 1467 à 1490).Ce relèvement est interrompu par la victoire des Turcs sur Louis II de Hongrie à Mohács (1526), et tout le sud-est de la Slovaquie subit la domination ottomane jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Dans le reste du pays, les nobles exploitent avec une dureté croissante les paysans asservis, qui se lancent dans des soulèvements férocement réprimés (des massacres de 1514 à l’exécution en 1713 de Janošík, devenu un héros légendaire), de même que se révoltent les mineurs exploités par des étrangers comme les Fugger (par exemple à Banská Bystrica en 1526). L’Église romaine s’inquiète de la progression des frères moraves et des luthériens, qui adoptent le tchèque comme langue de la liturgie. La Réforme catholique s’appuie sur les Jésuites qui organisent la reconquête à partir de Trnava (Tirnau) et de face="EU Caron" ォilina. Le réveil économique du XVIIIe siècle est beaucoup plus lent et plus tardif qu’en Bohême (École des mines de Banská Štiavnica, 1762).Naissance de la conscience slovaqueLe réveil culturel slovaque s’effectue, en revanche, à un rythme comparable à celui des Tchèques. C’est qu’il est le fait d’une élite très restreinte, formée dans les établissements catholiques (université hongroise de Trnava, transférée à Budapest en 1776) ou protestants (Collège évangélique de Bratislava-Presbourg). Il est soutenu par un sentiment populaire, encore très confus, que surexcitent l’intransigeance et le mépris des Magyars, dont certains porte-parole nationalistes, comme Lajos Kossuth lui-même, sont d’ailleurs des «renégats slovaques» (E. Denis). Dès 1790, l’ecclésiastique Anton Bernolák publie une grammaire du parler de la Slovaquie occidentale; en 1792, il fonde à Trnava la Société slovaque des sciences. Dans la première moitié du XIXe siècle, les débats se font très ardents. Si le poète Ján Hollý compose des épopées à la gloire des origines slaves et si les drames de Chalupka touchent le public, les intellectuels les plus remarquables quittent la terre natale et s’expriment en tchèque: le poète Ján Kollár et l’érudit Pavel Šafárik par exemple. Aussi les patriotes veulent-ils assurer le triomphe du slovaque en tant que langue littéraire dérivée du parler de la région centrale, et de ce fait moins proche du tchèque. C’est l’œuvre de Ljudovit Štúr (1815-1856), poursuivie par Michel Hod face="EU Caron" ゼa et par Jozef Hurban; ils s’expriment dans le Journal national slovaque , créé en 1845, et dans son supplément littéraire, L’Aigle de la Tatra . Cette attitude provoque la déception des Tchèques et la colère des Magyars. Les revendications de Štúr, député à la Diète, sont balayées par la loi de 1847, qui confirme le hongrois comme seule langue officielle.Vers l’union avec les TchèquesLes Slovaques accueillent avec enthousiasme la révolution de 1848. C’est, croit-on, à l’initiative de Štúr que se réunit le Congrès slave de Prague en juin; et le chant Nad Tatrou sa blýska («Au-dessus de la Tatra brillent les éclairs»), qui forme la seconde partie de l’hymne tchécoslovaque, date de ce moment. Mais les Hongrois révoltés contre Vienne n’admettent pas l’égalité des autres nationalités de la couronne de saint Étienne; la répression qu’ils exercent après la défaite des minorités nationales est si dure que les potences sont surnommées «les arbres de la liberté de Kossuth» et que les Slovaques tournent leurs préférences vers les Autrichiens, lesquels ne leur en sauront nullement gré. Pendant plus de dix ans, toute activité sera paralysée sur la terre slovaque, réduite – selon l’image du poète Janko Král – à l’état de jachère. La renaissance des années soixante, incarnée par des écrivains qui abandonnent le romantisme pour le réalisme (Ondrej Sladkovi face="EU Caron" カ, Jan Kalin face="EU Caron" カák) et par la création de la Matice slovenská (société culturelle slovaque solennellement ouverte à Saint-Martin de Turiec en 1863), se heurte toujours à l’hostilité des Magyars, plus affirmée que jamais après le compromis dualiste austro-hongrois de 1867; l’existence d’une nation slovaque (2 millions sur les 11 millions d’habitants de la Transleithanie) est niée par eux, la Matice slovenská est dissoute en 1875, le hongrois continue d’être reconnu comme seule langue d’enseignement, dans les élections la voix d’un Magyar compte cent fois plus que celle d’un Slovaque. La lenteur du développement économique, et en particulier de l’industrialisation, fournit des conditions beaucoup moins favorables qu’en Bohême à l’évolution de la société et de l’opinion publique. L’émigration ralentit la progression démographique, et, en 1914, il n’y avait que 500 000 Slovaques de plus qu’en 1867.Pourtant, le tournant du siècle annonce une ère nouvelle. Sur le conseil de Tomáš Masaryk (dont le père était slovaque), des patriotes comme Šrobár et Milan Hod face="EU Caron" ゼa fondent la revue Hlas (La Voix ), qui paraît de 1898 à 1905, date à laquelle Hod face="EU Caron" ゼa est élu au Parlement de Budapest et obtient la formation d’un groupe commun des députés slovaques, serbes et roumains, cependant que se constitue un parti social-démocrate slovaque. La bourgeoisie radicale s’inscrit au parti national. Les paysans, qui constituent plus des deux tiers de la population, commencent à s’agiter; malgré les efforts des grands propriétaires et du haut clergé, ils sont attirés par le parti populiste de l’abbé Andrej Hlinka, dont le village natal, face="EU Caron" アernova, est le théâtre d’incidents sanglants en 1907. Ainsi, à la veille du conflit qui va entraîner l’éclatement de l’empire des Habsbourg, l’idée de l’union avec les pays tchèques surmonte peu à peu les réticences. En octobre 1918, le Conseil national slovaque, à la suite du Conseil national tchèque, se rallie à l’idée d’une République tchécoslovaque, qui sera proclamée le 14 novembre [cf. TCHÉCOSLOVAQUIE].La République slovaqueAu sein de la République tchécoslovaque, les relations entre Slovaques et Tchèques furent souvent tendues. Quand le régime communiste s’effondre, à la fin de 1989, au cours de la «révolution de velours», le nationalisme refait surface en Slovaquie, aiguillonné par les nostalgiques de l’État slovaque qui avait été mis en place par les nazis. L’idée de séparatisme gagne alors de nombreux esprits et, au printemps de 1990, l’État tchécoslovaque devient la République fédérale tchèque et slovaque.Le projet de partition prend corps à la suite des élections législatives de juin 1992, défendu à Prague par la coalition de droite (Parti civique démocratique, dirigé par Václav Klaus, et Parti chrétien-démocrate), soutenu à Bratislava par le Mouvement pour une Slovaquie démocratique, plutôt de centre gauche, dirigé par Vladimir Me face="EU Caron" カiar. Les deux parties parviennent à un accord politique, le 27 août 1992; les Parlements tchèque et slovaque approuvent les traités régissant les relations entre les futurs États, le 24 novembre, et l’Assemblée fédérale vote, le lendemain, la loi constitutionnelle qui consacre la fin de la fédération. Les populations n’ont pas été consultées, et pourtant une pétition demandant un référendum avait rassemblé deux millions et demi de signatures. Dans le même temps, le 7 novembre 1992, disparaît un Slovaque très populaire, qui était chaud partisan de l’État commun: Alexander Dub face="EU Caron" カek, homme symbole du Printemps de Prague et de la «révolution de velours».Ainsi, le 1er janvier 1993, la République fédérale cède la place à deux États distincts, la République tchèque et la Slovaquie, dont la monnaie sera, à partir du 8 février, la koruna, ou couronne slovaque (S.K.K.).La Slovaquie compte alors 5 329 000 habitants, sur un territoire de 49 000 kilomètres carrés (soit une densité de 108,75 hab./km2). La naissance du nouvel Etat n’est pas accueillie avec enthousiasme par la population. Sur le plan économique, le partage coûte très cher à la Slovaquie, moins riche et moins bien équipée que les pays tchèques. Le commerce entre les deux nations, qui étaient très liées, devient un commerce «extérieur» et les règles douanières mises en place affaiblissent les échanges réciproques; un véritable «rideau de fer» tombe entre les deux nouveaux États: au printemps de 1993, les échanges commerciaux baissent de 40 à 50 p. 100; le chômage augmente en Slovaquie, surtout jusqu’au mois de mars 1993, touchant de 10 à 11 p. 100 des actifs (plus d’un tiers des chômeurs ayant moins de 25 ans). Le pays se trouve, selon U. Me face="EU Caron" カiar, dans la «zone tampon entre riches et pauvres»; aussi la Slovaquie peut-elle espérer trouver des débouchés chez ses voisins de l’Est. Ses rapports avec la Hongrie et l’Autriche s’améliorent. Les pays de l’ex-U.R.S.S. restent en 1994 les principaux fournisseurs de la Slovaquie (34,7 p. 100), devant l’Allemagne (20,8 p. 100), alors que cette dernière les dépasse pour ce qui est des exportations slovaques (24,4 p. 100 contre 16,8 p. 100).Sur le plan politique, le premier tour de l’élection présidentielle, le 26 janvier 1993, provoque une scission du parti au pouvoir, le Mouvement pour une Slovaquie démocratique (H.Z.D.S.), scission due à un désaccord entre le président, Vladimir Me face="EU Caron" カiar, jugé trop autoritaire, et le vice-président, Milan K face="EU Caron" ゴa face="EU Caron" ゼko, chef de la diplomatie. Du fait de cette rupture, la popularité du H.Z.D.S. baisse et le gouvernement mené par Me face="EU Caron" カiar, qui est aussi Premier ministre, devient minoritaire au Conseil national de Slovaquie. Il faut le soutien de la Gauche démocratique (les anciens communistes) et du Parti national slovaque pour que Michel Ková face="EU Caron" カ, le candidat du H.Z.D.S. à la présidence de la République soit élu par le Parlement au second tour, le 15 février, par cent six voix sur cent cinquante.GéographieNouvel État souverain, depuis le 1er janvier 1993, la Slovaquie, dont la capitale est Bratislava, est le plus petit État d’Europe centrale (49 036 km2) et le moins peuplé (5 400 000 habitants). Après avoir appartenu pendant près de mille ans au royaume de Hongrie et, à partir de 1918, à la Tchécoslovaquie, à l’exception d’une brève période d’indépendance, de 1939 à 1945, les Slovaques ont, d’un commun accord avec les Tchèques, mis un terme à la République fédérative tchèque et slovaque (Fédération tchéco-slovaque) qui regroupait les deux entités au sein d’un État commun. La disparition du bloc soviétique a modifié l’environnement géopolitique immédiat, tandis que la partition a conduit au relâchement des liens avec la République tchèque. La Slovaquie cherche sa voie propre vers l’économie de marché. La création des institutions étatiques indispensables à une nation devenue indépendante, la restructuration d’un appareil productif hérité de l’industrialisation socialiste et la réorientation des échanges économiques vers l’ouest sont autant de défis à relever.Un pays de montagnePays de montagne appartenant à l’ensemble occidental de la chaîne des Carpates, le territoire slovaque apparaît relativement enclavé. À l’ouest, les Carpates Blanches le séparent de la Moravie tchèque et de la Basse-Autriche; au nord, les chaînes des Beskides et les monts des Tatras forment la frontière avec la Pologne; au sud, la frontière avec la Hongrie longe la vallée du Danube et suit le piémont des monts Métallifères; à l’est, l’ouverture sur le bassin subcarpatique donne accès à l’Ukraine. L’arc montagneux carpatique, tournant sa convexité vers le nord, comprend les chaînes de flysch des Carpates Blanches, les massifs cristallins des Hautes Tatras (2 655 m) et des Basses Tatras (2 043 m), les blocs soulevés des Petites et Grandes Tatras, et la masse plus compacte des massifs volcaniques des monts Métallifères (1 477 m). Les vallées étroites du Váh, de la Nitra et du Hron, qui se dirigent vers le Danube, assurent la pénétration de ce domaine montagneux au climat rude, couvert d’épaisses forêts. Au sud, la Slovaquie méridionale qui s’ouvre sur la grande plaine danubienne fait figure de bon pays agricole; des étés chauds et ensoleillés permettent la culture du tabac et celle de la vigne sur les coteaux surplombant le Danube et l’Ipel. Moins étendues, les plaines de Slovaquie orientale sont drainées vers le sud par des affluents de la Tisza, et annoncent les paysages de la puszta hongroise.Une modernisation récente et fragileLa domination hongroise qui s’est exercée pendant des siècles est responsable du retard de développement caractérisant à la veille de la Première Guerre mondiale la province de Slovaquie (ou Haute-Hongrie): régime de la grande propriété hongroise et allemande dans les plaines, systèmes sylvo-pastoraux autarciques dans les montagnes, en situation de surpeuplement relatif. L’image d’un pays rural, catholique et fécond en retard sur son époque a perduré, au sein d’un État tchécoslovaque dominé par les Tchèques pendant l’entre-deux-guerres, jusqu’à ce que le régime communiste mette en œuvre, dans les années 1950, une politique d’industrialisation et de rattrapage économique au profit de la Slovaquie. L’équipement hydroélectrique du Váh, l’implantation du combinat sidérurgique de Košice fondé sur le coke du bassin d’Ostrava et sur les importations de minerai de fer ukrainien, le transfert des industries mécaniques, le développement des industries du raffinage et de la pétrochimie approvisionnées par l’oléoduc de l’Amitié comptent parmi les réalisations les plus marquantes de cette politique volontariste qui a permis à la Slovaquie de réduire son retard par rapport aux pays tchèques. Le revenu moyen de la population slovaque, qui représentait 60 p. 100 du revenu tchèque moyen en 1948, avait atteint 87 p. 100 en 1988.Au lendemain de la «révolution de velours» (nov.-déc. 1989), cette croissance économique fondée sur une modernisation radicale et précipitée de la société slovaque s’est révélée fragile. Des divergences relatives à la conception et au rythme de la transition vers l’économie de marché sont apparues entre les deux républiques de la Fédération, et le ressentiment slovaque à l’égard des autorités de Prague s’est nourri de la récession économique et de l’impact social des réformes engagées en 1991 (forte progression du chômage, dépassant 10 p. 100 en Slovaquie). Rapidement mise en œuvre au lendemain des élections de juin 1992, la dissolution de la Fédération imposait une gestion indépendante des économies tchèque et slovaque, fortement imbriquées.La politique de privatisation a été infléchie, de manière à protéger les entreprises stratégiques et à privilégier les investisseurs nationaux par la méthode des ventes directes. La part du secteur privé a continué à progresser (66 p. 100 du P.I.B. en 1995). Cependant, en raison des incertitudes politiques, le pays accueille le plus faible montant d’investissements directs étrangers en Europe centrale. Si les services contribuent pour 49 p. 100 au P.I.B., l’industrie en assure encore 44 p. 100. Sous la forme de grands combinats, intégrés dans des échanges complexes au sein du Conseil d’assistance économique mutuelle (C.A.E.M., ou Comecon), l’héritage industriel de l’économie dirigée se révèle lourd à restructurer. Dépendante en matière énergétique, puisque neuf dixièmes de ses besoins (électricité, charbon de République tchèque, hydrocarbures de Russie) sont couverts par des importations, la Slovaquie entend moderniser la centrale nucléaire de Jaslovské-Bohunice, achever celle de Mochovce et mobiliser l’hydroélectricité du barrage de Gab face="EU Caron" カikovo sur le Danube. Elle dispose avec l’entreprise Slovnaft d’une importante capacité de raffinage (5 millions de tonnes par an) dont la production est exportée pour moitié. La métallurgie conserve avec le centre sidérurgique de Košice une position forte (15 p. 100 de la production industrielle et 30 p. 100 des exportations). La métallurgie des non-ferreux a une longue tradition en Slovaquie centrale (cuivre à Banská Bystrica, aluminium à face="EU Caron" ォiar nad Hronom). Le secteur de la chimie (20 p. 100 de la production industrielle) apparaît le mieux placé pour affronter la restructuration. Les industries mécaniques, symbole des spécialisations antérieures, en particulier dans l’armement, ont vu leur importance reculer (10 p. 100 de la production industrielle). Il en est de même pour les branches du textile, du cuir et de la chaussure. Le secteur agricole, dans lequel l’emploi a diminué de 60 p. 100 et qui fournit moins de 7 p. 100 du P.I.B., a achevé sa privatisation sous forme de grandes unités de production de statut coopératif. Les échanges extérieurs, dont le solde s’est redressé, se réorientent vers l’Union européenne (38 p. 100 des exportations et 35 p. 100 des importations), mais le principal partenaire reste le voisin tchèque. Les infrastructures de transport apparaissent mal adaptées au nouveau contexte géographique: le réseau autoroutier (198 km) doit être développé (jonction avec Vienne et son aéroport international en cours, projet de liaison nord-sud par le tunnel de Branisko); l’ouverture fluviale sur l’axe Rhin-Main-Danube par les ports de Bratislava et de Komárno devrait renforcer le rôle de transit.Les questions du développement territorialLes restructurations tendent à accentuer les disparités régionales. Tributaires des industries en reconversion, les bassins industriels de la vallée du Váh, spécialisés dans l’industrie mécanique (de Tren face="EU Caron" カín à Pova face="EU Caron" ゼska Bystrica), ceux de Slovaquie centrale (Banská Bystrica), mais aussi les régions agricoles de Slovaquie méridionale (Komárno) enregistrent de forts taux de chômage. Au contact de Vienne, le district de Bratislava a attiré les trois quarts des investissements étrangers et réalise 35 p. 100 du P.I.B. national, alors qu’aucun investissement étranger n’a été réalisé en Slovaquie orientale. Aux confins de l’Ukraine et dans une région en crise, Košice, deuxième ville du pays (238 900 habitants en 1994), ne peut équilibrer la polarité de Bratislava (448 800 habitants), qui joue un rôle moteur dans la transition économique. La capitale apparaît trop excentrée pour que les autres régions bénéficient de son dynamisme. Les autres villes, dont neuf comptent entre 50 000 et 100 000 habitants, sont de dimension restreinte. Un nouveau découpage administratif du territoire en huit régions et soixante-dix-neuf districts a été adopté en 1996. Plus dynamique démographiquement (avec un taux de natalité de 12 p. 1 000 et un taux de mortalité de 10 p. 1 000) et moins vieillie que la République tchèque, la Slovaquie, qui compte des Hongrois, des Tsiganes, des Tchèques et des Ruthènes, est ethniquement beaucoup moins homogène. Le problème de la minorité hongroise (608 221 habitants), concentrée en Slovaquie méridionale, le long de la frontière avec la Hongrie, est source de tensions politiques internes et externes.LittératureRecherche d’une culture nationaleL’émergence de la culture et, par conséquent, de la littérature nationale slovaque a été tardive et a dû emprunter bien des détours. La Slovaquie, qui, au IXe siècle, faisait partie de l’empire de la Grande-Moravie, constituait un important centre de la culture vieux-slave. Après la chute de l’État de Grande-Moravie, au Xe siècle, le territoire de la Slovaquie fut intégré à d’autres États étrangers, et sa population, soumise à une oppression nationale et sociale pendant presque mille ans, perdit dès lors complètement tous les moyens d’affirmer sa personnalité.Le latin devint la seule langue littéraire sur le territoire de la Slovaquie, et l’on ne conserve de la période gothique et romane que peu de documents écrits. On peut citer des légendes consacrées à deux saints slovaques, Svorad et Be face="EU Caron" ゴadik, qui datent du XIe siècle, ainsi qu’une assez riche poésie humaniste provenant de l’époque de la Renaissance.Au XVe siècle, la langue tchèque prit le dessus sur le latin. Mais on peut noter que la poésie religieuse qui s’épanouit à cette époque et connut son apogée au XVIIe siècle est déjà parsemée d’expressions slovaques.Outre ces écrits, il existe une littérature orale très riche dans sa forme et conservée dans les chansons, ballades, contes et poèmes épiques populaires qui sont empreints d’un lyrisme original. Un grand nombre de ces chansons est consacré au brigand légendaire Juro Janos face="EU Caron" クk qui symbolise la révolte contre l’oppression féodale. Cette littérature populaire a gardé toute sa vitalité jusqu’au XIXe siècle, et l’interdépendance de la tradition orale et de la littérature écrite slovaques constitue le trait le plus typique de l’évolution littéraire en Slovaquie.Éveil de la conscience nationaleDéjà, lors des siècles précédents, des éléments de la langue slovaque parlée apparaissaient dans les textes littéraires, mais ce fut Anton Bernolák (1762-1813) qui tenta le premier de créer une langue littéraire slovaque. La langue de Bernolák fut utilisée notamment par deux écrivains de talent, Jozef Ignác Bajza (1755-1836), auteur du premier roman slovaque, et le célèbre poète classique Ján Hollý (1785-1849), qui écrit ses poèmes épiques en alexandrins afin de prouver que la langue slovaque est suffisamment malléable pour égaler les formes complexes de la poésie antique.Les deux principaux représentants du classicisme littéraire slovaque sont le poète Ján Kollár (1795-1852) et l’historien Pavel Jozef Šafárik (1795-1861), bien qu’ils aient continué d’écrire en tchèque et que, de ce fait, leur œuvre appartienne dans une mesure égale au patrimoine littéraire tchèque et slovaque. Tous deux ont adopté la conception philosophique de J. G. Herder sur l’avenir glorieux réservé aux Slaves, et ils devinrent les promoteurs les plus importants du panslavisme. Hollý, Kollár et Šafárik ont grandement aidé à réveiller la conscience nationale et ouvert la voie à la création d’une littérature authentiquement autochtone.Une littérature autochtoneLa personnalité la plus prestigieuse du XIXe siècle est sans aucun doute Ludovít Štúr (1812-1856), écrivain, savant et député à la Diète hongroise. Il fut le principal artisan de la création d’une langue littéraire moderne (1844). Celle-ci, ayant pour base le dialecte de la Slovaquie centrale, a été adoptée par la nation tout entière. D’autre part, sous l’impulsion de la philosophie hégélienne, il a élaboré le concept de romantisme slovaque, dont les caractéristiques essentielles sont la prééminence de la pensée patriotique et l’attachement aux traditions populaires en tant que sources majeures d’inspiration. Štúr reprochait au romantisme occidental son manque de combativité et son pessimisme foncier. Dans ses écrits comme dans ceux des auteurs appartenant à son école, tels les poètes Samo Chalupka, Andrej Sládkovi face="EU Caron" カ, Ján Botto, Janko Král ou le prosateur Janko Kalin face="EU Caron" カiak, se reflète l’effervescence révolutionnaire des années quarante, de même que les combats intérieurs de l’homme du XIXe siècle. Disposant de plusieurs revues publiées pour la première fois en langue slovaque, ils menaient simultanément une action politique et littéraire pour consolider la conscience nationale et répandre les idées patriotiques parmi les couches populaires. Du groupe communément appelé l’«école de Štúr» partit le premier grand essor des lettres slovaques, dont les résonances se prolongèrent jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle, et cela malgré les efforts acharnés de magyarisation que les autorités poursuivirent après la répression de la révolution de 1848. Durant cette période difficile, quelques écrivains patriotes s’appliquèrent à maintenir le moral d’une population dépouillée progressivement de tous ses moyens culturels.Cette situation retarda l’avènement du réalisme en Slovaquie, et ce n’est qu’à partir de 1870 qu’une nouvelle génération d’écrivains commença d’élever le niveau esthétique des lettres slovaques. Les auteurs réalistes choisirent de préférence leurs sujets dans la vie contemporaine du peuple plutôt que dans le passé. Cela vaut aussi bien pour le poète P. O. Hviezdoslav (1849-1921) que pour les romanciers Svetozár Hurban Vajanský (1847-1916) et Martin Kuku face="EU Caron" カín (1860-1928). Par la richesse de son langage, le profondeur de sa pensée et la diversité des formes de son œuvre poétique, Hviezdoslav est incontestablement une des figures dominantes de la poésie slovaque. L’originalité de Kuku face="EU Caron" カín réside dans le fait d’avoir introduit dans la prose le personnage du paysan avec son bon sens et son franc-parler, tandis que Vajanský se préoccupe de préférence du rôle que doit assumer l’intelligentsia dans la vie d’un peuple.Au début du XXe siècle se détache nettement un groupe littéraire appelé «les modernistes slovaques» dont le chef de file est le poète Ivan Krasko (1876-1958). Sa poésie s’apparente à celle des symbolistes occidentaux, mais elle traduit en même temps l’inquiétude du poète concernant le sort de son peuple. D’ailleurs, le trait principal, commun à tous les courants littéraires du XIXe et du début du XXe siècle, est le souci constant de défendre l’existence même de la nation, de sa langue et de sa culture.Les hauts et les bas du XXe siècleLa naissance de l’État tchécoslovaque (1918) modifia fondamentalement la fonction jusque-là exclusivement défensive de la littérature slovaque. Celle-ci trouve alors un champ d’action beaucoup plus large et beaucoup plus varié. Les écrivains slovaques étaient fortement attirés par les courants européens d’avant-garde, et certains contacts s’établirent par l’intermédiaire de la littérature tchèque et grâce à l’hebdomadaire Elán .Le bouillonnement littéraire de cette époque reflète les efforts assidus des écrivains pour rattraper le retard que la littérature slovaque avait marqué par le passé. En ce qui concerne la prose, plusieurs romanciers, dont Martin Rázus (1888-1937) et Janko Jesenský (1874-1945), persistent dans la tradition réaliste, tandis que Milo Urban (1904-1982) approfondit la facture psychologique du roman réaliste et J. C. Hronský (1896-1961) se rapproche sensiblement du style impressionniste. Le romancier Gejza Vámoš (1901-1956) fut le premier à poser dans la littérature slovaque, jusque-là fort prude, le problème de l’érotisme. Dans le domaine de la poésie évoluent à la fois le vitalisme de Ján Smrek (1898-1982), le mysticisme claudelien de E. B. Luká face="EU Caron" カ (1900-1979) et le «poétisme» de Valentin Beniak (1894-1973) et de Ladislav Novomeský (1904-1976). Ce dernier est aussi un des chefs de file de la revue Dav groupant des intellectuels de gauche qui tentaient d’élaborer une théorie de la littérature socialiste et qui, dans les années du stalinisme, furent frappés d’anathème.La Seconde Guerre mondiale ralentit sensiblement l’effervescence si dynamique des lettres de l’entre-deux-guerres. Au début des années 1940 se manifeste avec quelque retard le groupe des surréalistes qui se réclamaient à la fois de la poétique d’André Breton et de la poésie révolutionnaire du romantique Janko Král. Pendant la guerre, sous le régime clérical-fasciste de l’État slovaque, un petit nombre d’écrivains suivit la ligne officielle ultranationaliste, d’aucuns trouvèrent refuge dans une sorte de lyrisme paysan, rappelant celui de Giono et de Ramuz, d’autres enfin, en opposition active au régime, préparaient d’ores et déjà la littérature de l’après-guerre, fortement marquée par l’insurrection nationale d’août 1944, véritable épopée. Celle-ci, s’opposant à l’occupation hitlérienne, a inspiré notamment Dominique Tatarka (1913-1989), Peter Jílemnický (1901-1949), A. Bednár (1914) et V. Miná face="EU Caron" カ (1922) qui lui consacrèrent des œuvres de valeur.En 1949, peu après l’avènement du régime communiste, les écrivains slovaques exprimaient le souhait, dans leur Manifeste de l’humanisme socialiste, qu’un champ plus libre fût réservé à la création littéraire; mais ce désir fut catégoriquement rejeté par les idéologues staliniens, et la littérature slovaque réduite à la seule expression du réalisme socialiste. Ce n’est qu’à partir de 1956 que les écrivains slovaques reconquirent progressivement les positions perdues et ajoutèrent à la production littéraire une nouvelle dimension en traitant les problèmes souvent si épineux de l’individu dans la société socialiste. Grâce à l’hebdomadaire Kultúrny face="EU Caron" ォivot (La Vie culturelle ), ils contribuèrent dans une large mesure à la libéralisation du régime et au renouveau de la vie littéraire en Slovaquie, mais leur élan fut brutalement interrompu par les événements d’août 1968. Si de nombreux talents ont pu éclore depuis lors (notamment à travers la dissidence et la Charte 77), la littérature slovaque n’a retrouvé les chemins incertains de la liberté qu’avec l’effondrement du régime communiste en 1989 et la naissance de la Slovaquie indépendante trois ans plus tard.Slovaquieétat d'Europe, frontalier de la Pologne au nord, de l'Ukraine à l'est, de la Hongrie au sud et de la République tchèque à l'ouest; 49 032 km²; 5 192 570 hab.; cap. Bratislava. Monnaie: couronne slovaque. Pop.: Slovaques (près de 90 %); Hongrois (moins de 10 %). Géogr. et écon. - Cette région montagneuse et boisée s'étend en majeure partie sur les Carpates, avec quelques plaines. Le climat est continental. Ressources traditionnelles: forêts, céréales, élevage. Les industries (sidér., méca., chim., text.) se sont considérablement développées depuis 1945 grâce à l'hydroélectricité et à l'extraction du fer. La prédominance de l'industrie lourde a rendu plus délicate qu'en Rép. tchèque la libéralisation de l'après-communisme. Après une période de récession, la croissance annuelle excède les 5 % (1994-1997). Hist. - Le pays des Slaves Slovaques fait partie de la Grande-Moravie (IXe s.), puis tombe aux mains des Magyars (XIe s.). Un nationalisme slovaque s'éveille au XVIIIe s., et se manifeste au XIXe s. contre la Hongrie (dont la Slovaquie dépend, au sein de l'Autriche-Hongrie). Réunie à la Bohême et à la Moravie pour former le nouvel état tchécoslovaque (1918), la Slovaquie s'intègre mal. L'action autonomiste du parti populiste, fondé par l'abbé Hlinka, puis dirigé par Mgr J. Tiso après 1938, fournit à Hitler l'occasion d'intervenir en Tchécoslovaquie: les autonomistes proclament un état "indépendant" sous la "protection" nazie (mars 1939). En 1945, la Slovaquie retourne à la Tchécoslovaquie. Le 1er janv. 1969, elle bénéficia du statut d'état fédéré. L'effondrement du socialisme (fin 1989) en Tchécoslovaquie fait renaître le nationalisme slovaque. La souveraineté de la république slovaque a été proclamée en juil. 1992. En fév. 1993, Michel Kovac, candidat off. du parti de Vladimir Meciar (artisan de l'indép., Premier ministre), est élu prés. de la République. Ce parti a remporté les élections législatives de sept. 1994.
Encyclopédie Universelle. 2012.